Bonsoir Vesporium,
Merci pour vos très intéressants développements et vos exemples particulièrement enrichissants, je vois que nous sommes globalement d’accord !
Vous me permettrez de ne pas souligner ce sur quoi j’opine avec vous, je pourrais à peu près tout souligner. Je tiens quand même à vous remercier tout spécialement pour votre intéressante remarque sur la question de traiter les ratures, qui est en train de m’ouvrir des perspectives insoupçonnées, mais il faut que j’y réfléchisse en détail.
Quelques remarques néanmoins :
Cette condition (la complétude des listes) est la seule qui aujourd’hui est nécessaire dans nos modes de scrutin, en raison de la combinaison de l’absence de transférabilité (qui est la seule façon qui me semble acceptable de régler l’incomplétude), de la recherche de diminution de sièges vacants, et de l’article 27 de la Constitution qui interdit tout mandat impératif. Aucun des autres mécanismes invoqués n’est justifié techniquement et sont donc tous des choix politiques.
Pour moi, même dans le cadre actuel, l’obligation de complétude ne se justifie pas.
Si j’opine sur le fait qu’il faut éviter les sièges vacants, il suffirait de prévoir que si une liste a droit à plus de sièges que de personnes qu’elle a présentées, alors les sièges sont attribuées à d’autres listes, et le problème est réglé. Plus vous avez de listes et de candidats, moins vous avez de chances d’avoir des sièges vacants. Avec l’obligation d’incomplétude, au lieu d’avoir une liste disons pleine aux deux tiers, vous vous retrouvez sans la liste, c’est dommage.
Je n’ai pas compris de quelle manière vous liiez la complétude avec la non transférabilité ou le mandat impératif, pour moi ces thématiques sont complètement indépendantes.
ce cas étant loin d’être théorique, voir la section « analyse » des législatives sud-coréennes de 2020, cas que j’aborderai aussi dans un message ultérieur pour le système électoral allemand et ses variantes
Très intéressant exemple ! A première lecture de la page wikipédia, je vois quand même que la possibilité de biais de l’élection vient de modalités assez capillo-tractées. Je ne pense pas néanmoins que cela se retrouve dans le système électoral est-allemand, puisqu’ils renormalisent pour avoir quelque chose de proportionnel, donc présenter des candidats de circonscription sous l’étiquette A et des listes sous l’étiquette B ne fonctionnerait pas. Quant à ma proposition, elle échappe complètement à cette possibilité de manipulation.
Aussi, si vous voulez critiquer le mode électoral sud-coréen, je vous approuverai, mais on ne peut pas en tirer un argument à l’encontre du système électoral allemand ou de ce que je propose (bon, possible qu’un point m’ait échappé aussi).
Ce sont aux candidats de payer leur campagne
J’ai l’impression que vous êtes favorable à une prise en charge automatique des frais de campagnes et bulletins des candidats.
Je disconviens là-dessus.
Il y a trois possibilités :
-un refus de financement, mais cela reviendrait à sélectionner les listes qui peuvent se présenter par le biais de l’argent et de la finance, alors que la liste désargentée en question pourrait avoir des sièges et aurait une véritable assise électorale → à éviter
-un financement systématique. Et là, cela ne me va pas. Déjà parce que vous pourriez avoir, comme vous l’évoquez, un candidat chef d’entreprise qui utilise cette publicité gratuite financée par l’Etat pour faire connaître ses produits. Mais sans aller jusqu’à ce cas caricatural, si une liste se présente et fait 0,05% des voix et a 0 élus, en quoi serait-il légitime que les 99,95% des Français qui n’ont pas voté pour elle doivent payer ? Si la liste n’a aucune assise électorale ni légitimité, il n’y a pas à imposer les Français de payer pour une liste que manifestement ils n’aiment pas et dont la présence n’était pas manifestement nécessaire à la démocratie.
-Voilà pourquoi je pense que la bonne théorie est de mettre un seuil. En fait, je dirais que si la liste fait au moins un élu, alors elle a droit à ses remboursements. Comme je suis partisan de la proportionnelle intégrale au plus fort reste sans seuil, cela veut dire qu’il est quand même relativement facile à une liste d’obtenir un siège et donc le seuil de financement est assez bas (aux européennes par exemple, ce serait du 1,2-1,3% ce qui n’est pas la mer à boire).
VI. Les Parrainages
Je ne sais plus si je l’ai précisé, mais au cas où : je suis formellement opposé à tout système de parrainage, y compris parrainages dits « citoyens », y compris à la présidentielle. Seuls les électeurs font l’élection, seuls les électeurs décident, et personne d’autre. C’est d’ailleurs entre autre pour cela que non seulement je suis opposé à l’inégibilité automatique pour les délinquants, mais que je suis même opposé à l’inégibilité tout court. Si les électeurs ont envie de voter pour un violeur pédophile récidiviste, ce n’est pas au juge de s’y opposer. Ils l’éliront, et l’élu exercera les prérogatives de sa prison.
Je travaille sur ces histoires de rature, et je reviens vers vous.
Remarque : dans mon exemple, le vote par liste se fait par approbation, donc on peut approuver plusieurs listes. Ainsi, que le système de ratures se fasse sur une seule liste ou plusieurs ne devrait pas changer fondamentalement les choses, la vraie difficulté est d’introduire ce système de ratures correctement. Je vais y réfléchir.