Bonjour,
J’ai bien compris, pas de problème! Vous avez fait une proposition et on en discute, c’est comme cela que l’on avance!
Merci pour le fichier, j’ai fait joujou avec.
Bon, donc du coup je confirme que je n’avais pas compris les mécanismes de la proposition en détail ; mais en revanche, je maintiens l’existence du paradoxe que j’avançais dans mon message précédent.
Supposons que toutes les listes aient le profil :
95% TB, 0,1%B, 0,1%AB, 0,1%P, 0,1%I, 4,6%R.
Alors toutes ces listes ont bien sûr le même nombre de sièges, soit 79/18=4 à 5 (2,5 pour la tranche TB, 1,28 pour la tranche B, 0,61 pour la tranche AB).
Supposons maintenant que les électeurs TB du Parti pirate, plus malins que les autres, passent intégralement de TB à B (0 - 95,1 - 0,1 - 0,1 - 0,1 - 4,6). Alors, la liste du Parti pirate perd 2,5 sièges de la tranche TB, mais rafle 22,6 des 23 sièges de la tranche AB, et termine avec 23,21 sièges (22,6 de la tranche B et 0,61 de la tranche AB). Ainsi, dégrader l’option que l’on a d’un parti lui a permis de gagner davantage de sièges car fuyant l’ « embouteillage » des partis ayant eu l’option TB majoritairement. Ce qui, avouons-le, est a minima déroutant.
Juste un détail : pour moi, le système prend en compte les options « passables ». Je m’explique : si on tolère les bulletins de vote incomplets, mettre « passable » ou ne rien remplir ne revient pas à la même chose, dès lors que l’on calcule le pourcentage de chacune des propositions par le nombre de fois où cette mention revient divisé par le nombre de voix avec une mention exprimée (y compris, donc, la mention passable).
Si j’ai 5 électeurs TB, 5 électeurs bien, 5 électeurs rejet, 5 n’ayant rien rempli, mon score est donc de - 33% - 33% - 0% - 0% - 0% - 33%, et donc mon coef est de 2 (66%/33%) et il s’applique à 33%
Si les 5 n’ayant rien rempli mettent « passable », le coefficient reste toujours à 2, mais s’applique désormais à 25%. Du coup, cela change et j’ai moins de poids.
Ah et je remarque également : avec ces règles, le fait de voter « insuffisant » ou « à rejeter » ne change strictement rien. Aucune différence n’est faite entre ces deux mentions.
Mais en continuant de réfléchir, je me dis qu’il y a également une conséquence non négligeable de ces règles ; pour certains cela sera un avantage, pour moi c’est un inconvénient.
Supposons qu’il y a deux partis A et B, et que la population a un avis très fort sur le sujet : 60% des électeurs trouvent A très bien et rejettent B, 40% des électeurs trouvent B très bien et rejettent A.
Alors avec ces histoires de coefficient, la répartition des sièges de la tranche Très bien (je ne tiens pas compte des sièges affectés à la tranche B et à la tranche AB) ne se fait pas en 60%-40%, mais en 77%-23%, à cause du coef qui renforce les disparités : 1,5 pour la première liste et 0,67 pour la deuxième. L’écart s’est donc fortement accru. Certains applaudiront aux majorités fortes, personnellement étant un inconditionnel de la proportionnelle, je regrette un tel effet. Bon, on peut l’apprécier, mais au moins il faut en être conscient : cela ne tend pas du tout vers une représentation proportionnelle, le coef ayant un effet de levier fort sur le sujet.
Allez, tant pis, troisième modification, mais j’ai encore d’autres idées :
-en fait, si l’on réfléchit bien, avec cette méthode, on introduit l’inconvénient du vote par note et de la moyenne. Je m’explique : le vote par note où on prend la moyenne pour déterminer le candidat est (àmha à juste titre) rejeté car plus facilement manipulable par des notes extrêmes qui tireraient beaucoup les moyennes à la hausse ou à la baisse. L’argument est parfaitement recevable, mais là, on y est complètement, puisque l’on utilise, non la médiane (celle-ci ne joue aucun rôle nulle part dans les calculs), mais la distribution des mentions. C’est donc manipulable et peut inciter quelqu’un à mettre des mentions « extrêmes ».
-J’ajoute d’ailleurs que ce serait parfaitement logique : les votes qui « comptent le plus » sont, toutes choses égales par ailleurs, les mentions « très bien » d’une part, et « insuffisant »/« à rejeter » d’autre part. Du coup, l’électeur est incité fortement à voter pour une de ces mentions pour chacun des partis, le vote « passable », s’il a un impact, n’est néanmoins pas très fort.
-Et d’un autre côté, si on prend en compte uniquement la médiane pour répartir les sièges, cela voudrait dire qu’un parti qui a 49% de TB et 51% de « à rejeter » aurait le même nombre de sièges qu’un parti qui aurait 100% de « à rejeter » (puisque les médianes sont identiques). Or on peut comprendre parfaitement que dans le deuxième cas le parti soit dépourvu de représentation parlementaire, mais dans le premier cas c’est quand même plus difficile à justifier. Et si l’électorat est assez radicalisé, on peut donc arriver avec un parti qui bénéficie de 51% de l’assentiment de la population avec 100% des sièges, ce qui est àmha catastrophique.
Bonne soirée (et moi qui voulait me coucher tôt pour une fois…je n’arrive pas à me mettre au lit avant 1h…Grrrrr).
Bon, et si on essayait de proposer quelque chose de mieux tout en essayant de respecter les principes du JM?
Le principal problème du JM est que l’on ne peut pas traduire correctement les mentions données par l’électeur en répartition des sièges. Du coup, pourquoi ne pas lui demander? En fait, je vois deux votes qui se rapprochent du JM :
-le vote par note, mais j’écarte tout de suite cette option, ne serait-ce que parce qu’elle n’est pas insensible aux multiplications de listes
-le vote par points : en gros vous avez 100 votes, et vous les affectez comme vous voulez, tout ou partie, sur toutes les listes (ex : 100 - 0 - 0, 85 - 0 - 15, ou encore 32-24-10). On fait la somme des votes par listes, et on répartit les sièges en fonction des votes à la proportionnelle au plus fort reste sans seuil.
Autant cette méthode de vote est idiote quand il y a un seul siège à pourvoir, autant quand il y en a un certain nombre, elle est tout à fait acceptable.
Il y a des inconvénients pratiques assez pénibles (plus compliqué pour l’électeur comme pour l’agent qui dépouille) ; mais du côté des avantages :
-l’électeur exprime ses préférences, tout comme dans le jugement majoritaire : plus il donne de points à une liste, plus cela signifie qu’il l’apprécie : on a donc la notion d’ordre de préférence
-il peut qualifier le degré de différence d’appréciation entre les listes, comme pour le JM : s’il donne 43 votes au parti A et 42 votes au parti B, a priori le degré d’appréciation est proche
-il peut décider de rejeter tout le monde, en ne donnant aucune voix à personne
-il n’est pas incité à radicaliser sa répartition, puisque s’il décide de donner 100 voix à un parti, il n’a plus rien pour les autres listes ; ainsi s’il veut radicaliser son avis sur un parti, cela se fera au détriment d’un autre.
-si un parti se présente sous deux listes différentes, les électeurs pourront certes répartir leurs points, mais le parti ne gagnera pas plus de sièges en se présentant sous deux étiquettes différentes (il n’en le perdra pas non plus de manière générale)
Si j’exclus les considérations pratiques, dans le cadre à plusieurs sièges, c’est peut-être même encore mieux que le vote par approbation.