Bonjour
Je pense qu’il peut être intéressant de voir un peu les autres méthodes de vote, soit ainsi d’en souligner les insuffisances, soit de voir si telle qualité qui y est présente et manquante dans le JM peut y être ajoutée ; ou ne serait-ce que par curiosité personnelle.
Evidemment comme le JM n’est pas adapté au scrutin de liste, je me limite à l’élection d’un seul candidat (ou au choix d’une seule option).
Allez, je commence :
- le vote majoritaire à un tour
(rappel : chaque électeur a une voix et vote pour qui il veut, et celui qui a le plus de voix est élu).
S’il a un incontestable avantage de la simplicité, c’est bien le seul avantage qu’on puisse lui trouver, puisque :
- l’électeur ne peut privilégier qu’un seul candidat face aux autres
-on a le phénomène du « vote utile »
-en cas de dispersion entre candidats d’un même bord politique un opposant peut triompher alors que ses idées sont minoritaires
-un « petit » déplacement de voix peut tout changer
Etc.
On oublie
- Le scrutin majoritaire à deux tours
Un peu moins mauvais que le premier, mais vraiment pas idéal. On oublie
- Le vote alternatif (ou vote à second tour instantané)
Rappel : on classe tous les candidats dans l’ordre, et si aucun candidat n’est choisi en tant que n°1, on élimine le candidat qui est le moins présent en premier choix. Les voix des électeurs qui s’étaient porté sur le choix éliminé se portent sur leur deuxième choix, et ainsi de suite.
Personnellement, je trouve ce vote compliqué. Plusieurs sites internet expliquent les manipulations que l’on peut faire ou les paradoxes auxquels on peut arriver (par exemple Instant-runoff voting - Wikipedia ). Ce qui me gêne également est que le classement ne dit rien sur l’appréciation, par l’électeur, des candidats. Je m’explique : supposons A, candidat d’extrême-gauche, B, candidat gauche radicale, C, candidat de droite.
Un électeur d’extrême-gauche va voter ABC ; mais la « cassure » se porte entre B et C. Bon, il peut considérer que B est insuffisamment à gauche mais il y a de grandes chances qu’il le trouve quand même correct, contrairement à C, qu’il ne supporte pas. A l’inverse, l’électeur de droite va mettre CBA ; mais la « cassure » tombe entre C et B ; il y a des chances qu’il n’apprécie ni B ni A, même s’il est un peu moins mécontent de B que de A.
Du coup dans tous les cas, B est placé en deuxième, mais la signification de cette position de deuxième n’a rien à voir entre les deux électeurs ; pour le premier, c’est « je l’apprécie mais un peu moins que le premier », pour le deuxième c’est « je le déteste mais un peu moins que l’autre ».
Mais tout cela est complètement mélangé! On ne peut pas exprimer son degré de préférence, et on est obligé d’arbitrer avec un ordre, même si on trouve A et B quasiment identique.
Donc je ne suis pas convaincu.
Il y a d’autres problèmes pratiques : cela oblige à écrire un ordre sur tous les candidats, le dépouillement est complexe, et le vote est plus facilement manipulable par pression extérieure. En effet, avec N candidats, j’ai N! ordres possibles. La mafia pourrait faire pression sur un électeur en lui disant qu’il y a intérêt à trouver dans l’urne un bulletin BDAEC, et sur un deuxième en lui disant qu’il veut du BDECA, et un troisième BDACE, etc. pour favoriser B et D.
- Le vote cumulatif
Rappel : il s’agit de donner à l’électeur un certain nombre de points, celui-ci les répartit, en totalité ou en partie, comme il veut, sur les candidats. Exemple avec 100 points et trois candidats, je peux faire 0-100-0, 50-30-20, ou 30-24-30.
Ce vote est àmha d’une stupidité profonde. Supposons un pays où j’ai deux partis, A soutenu par 40% de la population et B soutenu par 60%. AA est le candidat de son parti, mais pour le parti B, il y a deux candidats, BB et CC, qui n’ont pas réussi à se mettre d’accord. Les 40% des électeurs vont attribuer leurs 100 points à AA, et les 60% des autres électeurs, en l’absence d’accord global, risquent tantôt de voter pour BB, tantôt de voter pour CC, tantôt de répartir leurs points entre BB et CC, mais on risque d’arriver à 4000 points pour AA, par exemple 3500 pour BB et 2500 pour CC avec une élection d’un candidat à l’idéologie minoritaire.
- Le vote Borda
Le vote Borda est un cas particulier du vote cumulatif ; l’électeur classe les N candidats dans l’ordre qu’il veut ; son premier reçoit N points, le deuxième N-1, etc., et le dernier 1. Celui qui a le plus de points est élu. Ainsi la répartition des points est contrainte.
Avec cette méthode contrainte, BB et CC peuvent se présenter sans problème.
Mais, le vote est clairement manipulable ; supposons A de gauche qui a la faveur de 49% de l’électorat et B de droite qui a la faveur de 51% de l’électorat. Avec un vote Borda et ces deux candidats, B gagnerait. Mais voilà que C se présente, petit candidat de la gauche radicale.
Alors on aurait : 49%, A C B (les électeurs de gauche préfèrent la gauche radicale à la droite)
51%, B, A, C (les électeurs de droite préfèrent la gauche à la gauche radicale)
Avec le décompte des points, A gagne.
Mais si c’est pressenti, alors B pourrait dire à un certain D, de droite radicale : présente-toi! Et du coup, on aurait :
49%, A C B D
51% B D A C
Et B gagnerait maintenant
Bref, c’est nul comme méthode. Et là aussi, on ne peut pas exprimer notre degré d’appréciation entre A, B et C. On peut leur donner un ordre, mais même si on déteste B et C, ils ont quand même 2 points et 1 point, et même si on porte B aux nues quasiment autant que A, on ne peut pas faire 2,5-2,5-1, on est obligé de faire du 3-2-1.
- Le vote par note
Rappel : il s’agit de donner une note à chaque candidat, et celui qui a la meilleure moyenne est élu. Je ne vois pas dans quel cas rationnel un électeur logique n’aurait pas intérêt à donner la plus grosse note à une partie des candidats et 0 à l’autre, sachant que comme l’on travaille sur la moyenne et non la médiane, les électeurs qui « jouent le jeu » en exprimant leur vote honnêtement ont moins de poids que les électeurs « malhonnêtes » qui décident de radicaliser leur avis.
Du coup je ne vois pas l’utilité de cette méthode, ni ce qu’elle apporte.
- Le vote par approbation
Rappel : il s’agit d’un JM dégénéré où les seules appréciations sont « Oui » ou « Non » et celui qui a le plus de « Oui » est élu.
Et là pour le coup, je ne vois aucun inconvénient…