Bonsoir,
Plus je réfléchis à ces sujets, plus je me demande quels sont les avantages du JM par rapport au vote par note.
Supposons que je propose à quelqu’un de gagner 1€ avec une probabilité de 2/3, et de perdre 3€ avec une probabilité d’un tiers. Un raisonnement naïf pourrait considérer que j’ai plus de chances de gagner que de perdre, mais un raisonnement plus poussé devrait me conduire à rejeter l’offre puisque l’espérance mathématique est négative.
De même, si je vis dans un pays dont le président propose par referendum de taxer au hasard 20% de la population, de consacrer 10% de la somme récoltée à l’entretien de son palais et de répartir les 90% restant parmi les 80% de la population, j’ai certes plus de chance de faire partie des gagnants, mais en espérance mathématique, j’y perds, donc je vote non.
Ainsi, le but n’est pas de maximiser la probabilité de gagner, mais l’espérance ; de même une élection devrait faire élire non la personne qui rendrait la part de la population heureuse la plus élevée possible, mais de maximiser le bonheur moyen de la population. Si un candidat se trouve une population émissaire qu’il charge de tous les maux et veut défavoriser au profit de la population majoritaire, peut-être qu’une majorité de la population y gagnera, mais le bonheur moyen de la population n’augmentera pas et même diminuera.
Or, le JM indique que les votes par note seront radicalisés, et donc privilégie la médiane. Donc cela revient philosophiquement à favoriser le candidat préféré par une partie de la population, et non le candidat qui maximise le bonheur moyen, ce que ferait le vote par note. Si A est préféré faiblement à B par 51% de la population et que les 49% restant préfèrent fortement B à A, le JM va donner A et le vote par note va donner B, alors que faire élire B serait préférable. J’ai bien compris qu’il y a l’idée que les votes peuvent être radicalisés, mais a) ce n’est pas le cas sur les expérimentations déjà réalisées b) cela peut être aussi le cas avec le JM.
Enfin, mon programme précédent (certes sous diverses hypothèses qui ne sont peut-être pas vérifiées, mais c’est à débattre) montre que même avec une partie de la population qui radicalise, l’utilité globale est mieux respectée avec le vote par note que le JM.
Et je ne parle même pas des différents paradoxes (lire : Jugement majoritaire — Wikipédia , il y a aussi : RangeVoting.org - Balinski & Laraki's "majority judgment" median-based range-like voting scheme ) que l’on évite avec le vote par note et pas le JM ; j’ai bien lu les différentes réponses, mais elles consistaient généralement en « c’est très théorique et cela ne se produira jamais », sans réelle démonstration et évaluation de la probabilité de survenance, ces paradoxes étant absents dans le cas du vote par note.
Il y a enfin le cas des égalités (qui risque d’être relativement fréquent, donc ce n’est pas quelque chose sur laquelle on pourrait faire l’impasse) sur lesquels la solution initiale proposée paraît complexe à mettre en oeuvre et où les mesures alternatives proposées par la suite, quoique d’apparence tout à fait logiques, donnent des résultats différents, et où il n’y a pas eu de solution définitive, contrairement au vote par note où ces cas d’égalité seront très rares dès que le nombre d’électeurs ne sera pas top négligeable.
Le nombre de mentions et l’intitulé des mentions fait débat, contrairement au vote par note où une note sur 10 fait très bien l’affaire et où il n’y a pas besoin de déterminer d’intitulés textuels.
La méthode de prise en compte des votes blancs selon les méthodes de détermination des cas d’égalité n’a ce me semble pas suffisamment été étudiée, contrairement au vote par note où cela ne pose aucun problème.
Enfin (mais là c’est un point commun avec le vote par note), le JM est inapplicable en cas d’élection de deux personnes et plus.
Bonne soirée